Lettres à Saïda / Letters to Saïda
translated from the French by Brian Cole
Derrière nous
si grand le ciel
et toi
doucement accrochée à mon bras.
J’interroge tes yeux d’ambre
pour mieux dévider ma vie.
Un jour
tu repartiras et je ne saurai plus
où me réfugier
pour mieux vider ma vie.
Le temps nous aura enrobés d’oubli
même si je ne m’y résous pas.
Il ne faut pas hâter le pas
ni abolir la parole
trop tôt….
Je sais que mourir existe
1
Behind us
such a wide sky
and you
comfortably hanging on to my arm.
I interrogate your amber eyes
the better to unwind my life.
One day
you will leave and I shall not know
where to find refuge
where I can better empty out my life.
Time will have clothed us in oblivion
even if I do not make up my mind.
We should not speed our pace
nor abolish the word
too soon ...
2
La mort tourne lentement
dans ma tête
lorsque tu n’es pas là.
Je n’ai peut-être pas le droit
de me précipiter
dans tes bras
pour l’effacer d’un trait.
Elle a tellement de visages
et pourtant
J’ai l’impression
qu’elle ne connaît que moi.
Je la nomme aussi folie
tu le sais
Toutes ces années n’auront servi
à rien.
La folie est à la fenêtre
qui me fait signe.
J’erre à jamais
dans les corridors de
ma tête
une arme chargée
à la main.
2
Death revolves slowly
in my head
when you are not there.
Perhaps I do not have the right
to throw myself
into your arms
to delete it with one stroke.
It has so many faces
and yet
I have the impression
that it knows only me.
I also call it folly
you know.
All these years will have been
for naught.
Folly is at the window
and beckons me.
I wander for ever
in the corridors of
my head
a loaded weapon
in my hand.
3
Pourquoi dire
tout ce qui existe entre nous ?
Faut-il forcément que nos
pas coïncident ?
Souvent, il est inutile d’ emprunter
la voie la plus évidente.
J’ ai décidé de t’accompagner jusqu’à
ce que je ne le puisse plus.
Dans combien de temps
m’ effacerai-je de ta vie ?
Tu n’ aimeras pas cette question
sans doute
parce que la réponse
ne nous appartient pas.
Tu la connais pourtant.
Là
oui là
tout près du cœur
qui aura cessé de battre.
3
Why should we tell
all that there is between us?
Is it absolutely necessary
that our steps coincide?
Often it is useless to take
the most obvious path.
I have decided to go with you
until I can no longer.
How long will it take me
to erase myself from your life?
You will not like this question
no doubt
because the answer
does not belong to us.
But you know it.
There
yes, there
right next to my heart
which will have stopped beating.
4
Un jour,
je remonterai le cours
de ma vie.
Sans toi
c’ est mieux ainsi.
Ce jour-là
j abandonnerai tout.
Il m’ en coûtera tu sais !
Je ne sais pas si j’aurai
le temps de prononcer
quelques mots tendres.
Tu seras loin
heureuse j’ en suis sûr.
Tu ne sentiras rien
je te le jure
à peine un souffle dans
tes cheveux
une poussière dans l’ oeil
que tu auras vite fait
d’ expulser.
Ce jour-là
je mourrai
sur la pointe des pieds
pour ne pas te déranger
4
One day
I shall retrace the course
of my life.
Without you
it is better so.
On that day
I shall abandon everything.
It will be difficult, you know!
I do not know if I shall have
the time to say
a few loving words.
You will be far away
and happy, I am sure.
You will feel nothing
I swear to you
scarcely a breath of wind
in your hair
a speck of dust in your eye
that you will have quickly
removed.
On that day
I shall die
on tiptoe
so as not to disturb you.
5
Saïda,
J’ose enfin effleurer ton nom.
J’ai réussi à l’ écrire.
Cinq lettres
que je tiens
serrées
dans la main.
J’ ai trop perdu de temps.
Pourquoi regarder sans cesse
derrière moi ?
Je ne voudrais pas vivre trop vite
ni heurter le temps
qui me
dévore.
Saïda
j’ose enfin effleurer ton visage
et garder ces cinq pétales
serrés
dans ma main
sans froisser ton nom.
5
Saïda
I dare to mention your name.
I managed to write it.
Five letters
that I had
clasped
in my hand.
I have wasted too much time.
Why do I always keep looking
behind me?
I do not want to live too quickly
nor to jostle Time
that is
devouring me.
Saïda
at last I dare stroke your face
and keep the five petals
pressed
in my hand
without offending your name.